Nouveaux installés : qui sont-ils ?
L’étude Agrinovo, menée par l’Esa auprès de producteurs installés en 2018 et en 2022, met en lumière cinq profils de nouveaux agriculteurs. Parmi eux, près de 30 % des enquêtés sont des reconvertis.
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L’étude Agrinovo, réalisée par la chaire Mutations agricoles de l’École supérieure d’agriculture d’Angers (Esa), a interrogé 28 000 agriculteurs installés en 2018 et en 2022 pour décrypter le renouvellement des générations alors que de moins en moins d’enfants d’agriculteurs reprennent la ferme familiale. Dévoilée le 20 mars dernier, elle fait état d’un échantillon final de 3 400 réponses exploitables qui s’organisent en cinq profils types : les héritiers bien préparés (34 %), les héritiers sans vocation (22 %), les classes populaires hors cadre (16 %), les reconvertis des classes moyennes (20 %) et les reconvertis des classes supérieures (8 %).
Une grosse moitié d’« héritiers »
34 % des répondants constituent ainsi la première catégorie qui incarne la continuité générationnelle de l’agriculture avec une transmission familiale dans 96 % des cas et une socialisation précoce au métier : 88 % ont participé aux travaux de l’exploitation avant de s’installer. L’ensemble est très majoritairement masculin (81 % d’hommes) et jeune : 80 % ont moins de 35 ans au moment de leur installation et près de la moitié ont franchi ce cap avant leurs 25 ans (contre 8 % dans le reste de l’échantillon). L’ancrage familial façonne un projet professionnel affirmé : 85 % d’entre eux reprennent une exploitation existante alors que 15 % créent leur structure.
Les héritiers sans vocation ne suivent pas cette trajectoire linéaire même s’ils sont dans leur majorité des enfants d’agriculteurs. À majorité féminine (61 %), les membres de ce groupe se sont d’abord tournés vers d’autres parcours professionnels avant de revenir à l’agriculture.
Des Nima divers et variés
Issus en majorité de milieux ouvriers ou employés, les membres de la catégorie « classes populaires hors cadre » (16 % de l’échantillon) peuvent avoir des agriculteurs dans leur famille élargie mais, pour 97 % d’entre eux, ne sont pas issus directement de l’agriculture. Ils s’installent après des études agricoles et/ou une expérience de salarié.
Les reconvertis des classes moyennes (20 %) ont quant à eux pris un virage tardif vers l’agriculture (31 % à plus de 40 ans), souvent sans ancrage agricole ni même rural. Leur parcours atypique se reflète dans leur approche : les trois quarts vendent en circuit court, 60 % privilégient le bio, un tiers se spécialise en maraîchage, soit le double de la moyenne. C’est ici que se trouvent les vrais « Nima » (non issu du milieu agricole).
Les reconvertis des classes supérieures (8 %) sont à 42 % issus du monde agricole et à 85 % détenteurs d’un diplôme bac + 5 ou plus. Ils reviennent à l’agriculture après une trajectoire de cadre.
Fait inquiétant, 88 % des nouveaux agriculteurs admettent des difficultés, notamment économiques. 40 % de cette population perçoit moins de 500 € de revenu mensuel moyen. Yanne Boloh
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